Les artistes se cachent souvent derrière leurs créations ; José Cabrero Arnal n’a pas échappé à la règle. Pourtant, le créateur de Pif le chien et de son ancêtre en Espagne Top el Perro, de Roudoudou, de Placid et Muzo et de bien d’autres encore, qui signait simplement «C Arnal», eut une vie en dehors des cases et des bulles. Passionné dès son jeune âge par l’art du dessin, par la caricature aussi, il n’a de cesse de vivre de son crayon. Durant les années 1930, celles de la IIe République espagnole, il exerce à Barcelone la Catalane. Il participe à de nombreuses revues destinées à la jeunesse avant de s’engager dans le combat pour la défense de la République. Jusqu’à la Retirada. C’est le temps de l’exil en France, où la guerre, bientôt déclarée, l’emporte de nouveau vers l’inconnu, d’abord dans les commandos de travailleurs étrangers puis en déportation. A Mauthausen, où son talent de dessinateur et la solidarité des «Rote Spanier» l’aideront à survivre. A la Libération, il s’installe en France et collabore à L’Humanité puis à Vaillant. L’élégance de son trait et la fraîcheur de caractère de ses personnages lui valent la reconnaissance du milieu des artistes de la bande dessinée et feront les délices de deux générations d’enfants, de l’après-guerre jusque dans les années 1970.