Traumatisé à vie, Filip Müller, après avoir surmonté les limites extrêmes du désespoir, a finalement décidé, en 1979, de se souvenir. Afin que nul n’oublie. Voici à nouveau disponible le récit de son innommable expérience vécue qui a suscité une intense émotion à sa parution. Müller, dont le témoignage sur la réalité des camps de la mort n’est comparable à aucun autre, est en effet l’un des uniques survivants des commandos spéciaux des fours crématoires, commandos où se trouvaient enrôlés de force de jeunes déportés suffisamment robustes pour exécuter, sous la menace d’une mort immédiate en cas de refus, les tâches les plus immonde et les plus éprouvantes jamais demandées à des hommes. A intervalles réguliers, l’effectif complet de ces commandos était à son tour radicalement éliminé, afin qu’aucun survivant ne puisse jamais parler. Filip Müller, par un extraordinaire concours de circonstances, a miraculeusement survécu. Il a, pendant trois ans, pratiquement assisté au massacre de tout un peuple, partagé les derniers instants de tous ceux qui allaient mourir, procédé, avec ses propres mains, et dans d’indicibles conditions au transfert et à l’incinération de leurs cadavres. Son histoire, véritablement dantesque, dépouillée de tout artifica littéraire ou artistique, ne s’embarrasse d’aucune considération d’ordre psychologique. C’est uniquement le constat détaillé et souvent insoutenable d’un hallucinant cauchemar, un document historique exceptionnel à l’état brut, au ton volontairement neutre, car il est des expériences qui coupent à jamais toute envie de philosopher.